FIFMA #18: L’art de la gravure sur bois

Il était question de gravure sur bois, ce matin, dans la classe des CE2 de Madame Rasteiro à l’école Pierre Brossolette au Pré-Saint-Gervais. Julia Chausson, illustratrice et graveuse, a présenté son métier et ses créations avant de guider les élèves dans l’art du trait dessiné, gravé, encré et enfin, imprimé, le tout entièrement à la main !

« Savez-vous ce qu’est la gravure sur bois ? ». « Oui ! C’est sur du bois, on taille pour faire un dessin, après on peint, on met une feuille et ça va s’imprimer », répond un élève au fond de la classe.  « Bravo ! » s’exclame la maîtresse impressionnée.  « J’ai deux métiers, je suis illustratrice pour des livres d’enfants et graveuse sur bois, et souvent je mélange un peu les deux en utilisant les gravures sur bois pour les illustrations de mes livres » poursuit Julia. Elle montre alors à la classe quelques exemplaires de ses livres pour enfants avec les gravures originales à côté. Les élèves sont impressionnés !

Julia passe ensuite de table en table avec un panneau de bois gravé que les enfants s’empressent de toucher pour ressentir les textures : « on appelle ce bois le médium, il est composé de sciures de bois aggloméré avec de la colle, c’est très solide et je l’ai creusé à l’aide d’un outil qu’on appelle la gouge, qui permet d’enlever le bois pour faire mon dessin ».  

Elle explique alors que « les parties qui seront claires sont celles qui sont creusées et celles qui sont foncées ne sont pas creusées, un peu comme en tampon ». « Il faut aussi graver en miroir car l’image imprimée sera inversée. C’est une gravure que l’on appelle taille d’épargne, car quand on dessine en gravant, il ne faut pas graver le trait mais graver autour du trait donc conserver, c’est-à-dire épargner le trait que l’on veut obtenir ». « HUMMMM, d’accord » font les enfants qui viennent de saisir la complexité du procédé.

« Vous avez des questions ? ». « Ce n’’est pas trop compliqué de creuser autour, de ne pas creuser le trait et de faire en miroir ? » demande Maxime. « Non, j’ai pris l’habitude car je commence toujours par faire des croquis puis un dessin au format que je reporte ensuite sur le bois au fusain ». Il est temps désormais de passer à l’atelier gravure : « avant de graver on va s’entraîner à dessiner ».

Des portraits habilement dessinés et gravés

Les élèves choisissent à tour de rôle un portrait de peintre qu’ils vont d’abord dessiner sur une feuille au crayon à papier. « Vous reconnaissez les artistes qui sont représentés ? » demande Madame Rasteiro. « Là c’est Frida Khalo ! » répond-on au premier rang. « Comment vous le savez ? » demande à nouveau la maîtresse. « J’ai un livre sur elle à la maison ! Moi aussi j’ai un livre sur tous les peintres ! Moi je l’ai reconnue parce qu’elle a un mono sourcil ! ».  « Et là c’est Van Gogh, celui qui s’est coupé l’oreille ! » Chacun s’attèle ensuite à la tache copiant consciencieusement ou réinterprétant la peinture qu’il a sous les yeux.  Une belle galerie de portraits colorés prend place progressivement sur le tableau de la classe.  Les CE2 de Madame Rasteiro ont du talent !

« Maintenant, vous allez graver comme vous avez dessiné sur des petites plaques de polystyrène extrudé qui sont plus simples à graver que le bois, vous allez graver directement le trait dessus » explique Julia.  Par groupe de 6, les élèves se dirigent dans la pièce d’à côté et choisissent une des couleurs avec laquelle ils vont encrer leurs plaques, « rouge, marron ou bleue ? ». « Il faut bien étaler l’encre partout, sans laisser les traces du rouleau ». Dernière étape : imprimer la plaque sur du papier avec le dos d’une cuillère. « Pensez à appuyer bien fort partout pour que l’encre se reporte bien sur la feuille ». Puis la magie opère lorsque les élèves soulèvent le papier  : « Waou, c’est trop beau ! Trop stylé ! Il est beau le mien hein ! ». Les œuvres imprimées rejoignent leurs doubles dessinés pour former une joyeuse galerie de portraits pleine d’expressivité !

Texte et photos : Aurélie Sécheret